Bossa nova d'automne / Séance photo et vidéo analogique / Photographe de famille à Montréal

Octobre 2022

J’arrive chez Guillaume et Arianne avec le ciel un peu gris. C’est pourtant un beau samedi, parfaitement sans histoire. Le rythme du matin est lent, le pyjama toujours d’actualité.

Il y a longtemps que je n’ai pas vu les amis. La photo est un prétexte parfait pour reprendre le fil, prendre le temps de s’offrir un moment en cadeau, en souvenir.

Dans mon sac, c’est un matin spécial : presque toutes mes caméras analogiques sont du voyage pour réaliser une séance à jamais imprégnée sur pellicule. Il y a du 35mm couleur et noir & blanc, du 120 noir & blanc, de l’Instax, du Polaroid et… du Super 8.

Qu’est-ce que ça donne, d’utiliser 6 caméras différentes?

D’utiliser de la pellicule au lieu du numérique?

Tout ceci!

 

Calendrier de l'Avent 2021 / Photographe documentaire à Montréal

Les années et les souvenirs s’accumulent au fil des inspirations - et expirations. Cet annuel calendrier de l’Avent, c’est un beau prétexte pour un mini projet documentaire du quotidien.

Avec une seule page à compléter, le risque de dérapage est faible et le taux de réussite, élevé. Quand on est artiste, il faut composer avec d’innombrables idées à moitié abouties, d’élans coupés en plein vol par les besoins du quotidien, de projets en suspens. Ce Calendrier est donc un bonbon à savourer, pour souligner la fin de cette année où je n’aurai jamais été aussi occupée.

*

Depuis que ma passion est devenue mon gagne-pain il y a 10 ans, je cherche tout naturellement une manière de modifier mon approche dans ma vie “personnelle” pour ne pas avoir l’impression de travailler tout-le-temps. Si la flexibilité et la grande prévisibilité du numérique est un atout, la post-production numérique (ENCORE devant l’ordinateur) est d’une lourdeur accablante.

C’est ainsi que la photo argentique, avec toutes ses surprises et ses imperfections, m’apporte une simplicité et un lâcher-prise hautement salvateurs. Que dire de la photo instantanée, qui a pris une place encore plus importante dans ma pratique en 2021. Quel bonheur de voir et savoir ces instants uniques, parfois étranges et toujours précieux!

Ceux qui me connaissent depuis longtemps connaissent cet aspect de mon travail, mais cet éventail photographique se voit peu dans le travail officiel de Marianne-Charland-photographie-lifestyle-et-documentaire. C’est pourquoi j’ai envie d’utiliser ce calendrier de l’Avent pour vous montrer comment je travaille réellement. J’y mêlerai avec joie les médiums, au fil des jours et des lumières, pour créer un mélange d’arrêts sur image représentatif d’un certain décembre 2021.


*

1er décembre

En milieu d’après-midi, dans les environs du solstice d’hiver, la lumière basse du soleil trouve son chemine jusqu’au coeur de notre profond appartement montréalais.

Le long corridor s’illumine pendant une heure et le plancher reflète des rayons éblouissants venus rappeler la carence de vitamine D de la travailleuse autonome encabanée en plein rush de haute saison. Les objets en suspens témoignent d’une vie familiale occupée à d’autres priorités que celle de garder les lieux en ordre. Le papier peint texturé révèle dans cette lumière chaude sa danse centenaire toujours aussi gracieuse et apaisante.

Ces murs et cette lumière perdureront.


2 décembre

Pour quiconque rêve à un Noël vert, les montagnes russes du mercure de décembre mettent le coeur à rude épreuve. Aujourd’hui, il pleut.

3 décembre

À être si longtemps concentrée à une même tâche - principalement la retouche - vient un temps où le corps et l’esprit recherchent d’autres perspectives spatiales, sensorielles. Après un jour de pluie, la lumière de la ruelle revient me chercher à mon bureau et me tire vers l’arrière de la maison, pour admirer le parcours qu’elle réalise sur les objets et les surfaces. Ci et là, il y a de petits spectacles tranquilles qui n’ont pas besoin de mon émerveillement pour exister, mais que j’ai envie de conserver pour les jours gris.

4 décembre

Il y a deux ans, le sol était couvert de blanc (pour de vrai) et le champ était encore plein de conifères bien cordés. À voir comme l’herbe gagne du terrain, l’an prochain sera peut-être le dernier où mes beaux-parents iront couper leur sapin de Noël.

Les mêmes questions se posent à chaque année :

Est-il assez dodu?

Est-il trop grand?

Un flashback au calendrier de l’Avent 2019 - et une impression de publicité de Souris Mini. Et de retour à la maison des grands-parents, nous avons tout décoré en famille, et N. était absolument fasciné par le village miniature.

5 décembre

Au moment de rentrer à Montréal, la voiture ne démarre pas.

(insérer un épisode de boostage ici)

En attendant, je prends des photos au moyen format (que nous ne verrons dans quelques semaines) de N. qui joue dans le carré de sable gelé. J’ai aussi envie d’une de ces photos de famille classiques devant la maison, avec des petits clins d’oeil circonstanciels (les décos de Noël, l’accumulation mince de neige au sol, les capots des voitures ouverts en arrière-plan. Je n’avais cependant pas songé que les Polaroid se révèlent mal sous zéro.

À la maison, N. retrouve avec enthousiasme son cher petit léopard - qu’il anime dans la lumière divine… avec un mètre à mesurer.

6 décembre

Durant la journée, j’aime aller jeter un coup d’oeil dans la chambre de N., qui du haut de ses 5 ans, a beaucoup d’imagination et anime de toutes sortes de manières les jouets qui peuplent sa chambre. J’adore trouver des scènes rappelant l’action en cours tout juste avant le départ pour l’école.

#alpagadansunegenouillere

7 décembre

Aujourd’hui débutait la première opération de déneigement de la saison - opération de déglaçage, devrions-nous plutôt dire. Et je mettais à la poste un beau certificat-cadeau qui sera offert à des grands-parents pour qu’ils aient de belles photos avec leur petit-fils.

Viens-t’en, 2022!

8 décembre

Depuis les averses du début de la semaine, la ville est en glace. Le parc Lalancette tout entier est une patinoire! La vue matinale de la pleine de jeux gelée me fait penser aux abords du fleuve gelé, vus du ciel au coucher du soleil…

Aujourd’hui, c’est journée pédagogique et nous avons invité un ami de CPE en grève à venir jouer à la maison quelques heures pendant que ses parents tentent de travailler un peu.

N. en profite pour être un pompier avenant et intéressé. #legrand

Le soleil se couche tôt, mais je l’attrape sur Instax avant qu’il ne soit trop tard.

9 décembre

Heureux jour de livraison de Portraits d’enfance.

Tournée de commissions sur le Plateau.

J’attrape les traces, les reflets et les scintillements, au départ, au passage et au retour.

10 décembre

J’avais oublié cette belle bougie, potelée et coulée par une chère amie.

Et l’odeur de la cire dans la maison. Et la chaleur dans la cuisine, dans le regard.

(BTS : Documenter cette découverte et le comment de la documentation de la découverte.)

11 décembre

“Aurais-tu envie de faire une construction en bâtons de pop-sicles?”

(et comme toujours, les scénarios de jeux de l’enfant finissent par impliquer du feu et des pompiers)

12 décembre

Aujourd’hui, on est allés bruncher chez des amis - et leur fils grimpait sur tout. #monkey

13 décembre

Après une longue journée de travail et de vraie vie, être celle qui éteint le sapin.

14 décembre

Quelque chose comme des autoportraits, pour procrastiner et profiter de la lumière quelques instants.

Des preuves d’avoir existé, le 14 décembre 2021.

15 décembre

Toutes les astuces sont bonnes pour motiver un enfant à prendre son bain.

16 décembre

À l’approche de Noël, la table de la cuisine prend souvent les allures d’un chantier - et je rêve d’un jour avoir un atelier où travailler.

Mes yeux de lynx me permettent d’intercepter tout défaut de fabrication. À une semaine de Noël, ça paraît plutôt comme un désavantage.

17 décembre

Congé de photos aujourd’hui

18 décembre

Les cadeaux sont faits maison encore une fois cette année. La fabrication artisanale choisie en 2021 : des tawashis pour les parents et amis.

19 décembre

Quel bonheur d’entendre les petits voisins de ruelle s’inviter en criant, à jouer dans la neige pendant des heures durant. Une fois de temps en temps, l’enfant vient demander un verre d’eau et repart aussitôt.

20 décembre

En souvenir de nos vacances d’été, et comme perspective sur l’histoire du Monde : une miette de cette fascinant roche farcie de fossiles que nous avons trouvée à Rivière-Ouelle.

21 décembre


Avec un vieux crayon-craie à moitié séché, nous explorons le son des lettres et des syllables, et tu composes spontanément tes premiers mots seuls.

Quelques heures et un gros conflit plus tard, tu utilises l’écriture pour exprimer ta colère. Quelque chose comme tes premiers graffitis.

22 décembre

Trois jours avant Noël, j’emballe les dernières créations à livrer avant les vacances.

23 décembre

Ça y est, nous sommes officiellement en vacances!

Pour souligner le lancement de cette heureuse période, nous nous assurons de ne pas être malades avant d’aller rendre visite aux amis - le premier test dont le protocole deviendra vite familier.

24 décembre

Moins de 24h après avoir quitté Montréal, nous y sommes de retour à la maison avec nos baggages et nos sacs de cadeaux, puisque la Covid a croisé notre route en tout début de parcours.

Nous croisons fort les doigts d’y avoir échappé.

(Divulgâcheur : au final, elle nous aura eus!)

Heureusement, le Père Noël a su juste à temps et a apporté ses présents sur d’Orléans.

Dans la nature / Petite séance famille au parc Maisonneuve / Photographe lifestyle à Montréal

Il y a 5 ans, alors que j’étais enceinte, j’ai fait la rencontre de cette autre maman en devenir dans un cours de yoga pré-natal. Nous aimions dire que notre enfant était le premier ami de l’autre!

Les années ont tranquillement passé, nous avons continué de nous voir dans le quartier, et leur famille s’est agrandie. Les deux parents étant biologistes, c’était une évidence que leur séance photo devait se dérouler dans un lieu rempli de verdure, de fruits, de fleurs et d’insectes. Le Parc Maisonneuve, juste à côté, était le terrain idéal pour une exploration matinale ce jour-là. Nous avions sous-estimé la rosée, mais pas la beauté de la lumière qui l’illuminait à l’aurore.

Il y a un maintenant près d’un an que ces photos ont été prises, dans ce coin de nature urbaine, pour se souvenir de la jeunesse des enfants et de leur premières années avec eux à Montréal. Et voilà que ces globe-trotteurs viennent tout juste de quitter la Métropole pour s’installer dans les provinces de l’Atlantique. Continuer leur vie, pas loin de l’océan.

Pour ces souvenirs et pour l’amitié dans les bagages,

Merci et hasta mañana!

Instantanés - Mars 2021 / Photo documentaire / Personnel

Au tournant de l’hiver et du printemps, mars et ses températures changeantes, sa glace et son eau. J’admire la beauté des migrations, la transformation des personnes et des lieux.

Sans le vouloir, la vidéo du mois se concentre sur un portrait, presque, de cet enfant. De sa beauté changeante, vive et douce.

Dans ces images, il y a beaucoup de matins, d’intimité et du dehors.

Nous attendons maintenant les feuilles et les fleurs.

Un jour dans votre vie / Reportage de famille / Photographe documentaire à Montréal

Quels sont vos souvenirs les plus précieux?

Gageons qu’il n’y a pas que la pensée des grands jours qui vous apporte réconfort et émotions. Le hic? Vous êtes normalement en train de profiter de la vie “ordinaire” et rien (ou si peu) de tout ça n’est capté pour la postérité, archivé.

C’est pourquoi j’offre maintenant le service de “Reportage de famille”!

Qu’est-ce que c’est?

Un moment où je vous accompagne dans votre quotidien, pour en extraire l’essence et les détails, en somme toute la richesse.

Les anglos-saxons ont une expression fabuleuse pour nommer ce type de séance photo : “day in the life”! C’est parfait pour immortaliser une belle journée de vacances, le joli chaos d’une fin de journée de semaine ou la douceur d’un samedi matin douillet à la maison.

Offerts en formule demi-journée ou journée complète, mes reportages de famille sont des séances photo hors du commun qui vous montrent sans artifice, dans toutes les facettes de votre vie de famille, avec honnêteté. Routines, farniente, rires, pleurs, tendresse, impatience, ennui, bien-être… Comme le bonheur prend plusieurs formes, vous aurez tout ça en image, en autant de moments précieux.

En tant qu’historienne de famille, je porte un regard artistique sur votre quotidien, et m’assure que vous puissiez revivre votre histoire encore et encore.

* * * Pour souligner le lancement de ce nouveau service j’offre 20% DE RABAIS sur les reportages de familles réservés d’ici le 1er juin! * * *

Vous voulez en savoir plus?

De quoi voulez-vous vous souvenir?

Instantanés - Février 2021 / Photo documentaire / Personnel

Février.

Le mois le plus court de l’année.

Le froid constant et les journées qui rallongeaient nous ont permis de profiter de toutes les opportunités de patin possibles. Nous avons aussi fuit la ville quelques jours pour regarder l’horizon - qu’on ne voit pas trop à la maison. C’était l’occasion idéale de s’initier à l’ornithologie!

28 jours, et autant de secondes pour une vidéo, c’est si vite passé...

J’aimerais entendre rire N. tout le temps.

(la suite en mars)

Instantanés - Janvier 2021 / Photo documentaire / Personnel

Depuis plusieurs années, c’est la mode d’embarquer dans un défi “365 jours”, soit de s’assurer de produire une photo par jour durant un an complet. À l’exception de la période de l’Avent, je me suis toujours gardée loin de cet exercice, parce que je me sais facilement surchargée par tout le travail derrière pareille entreprise - et que je ne manque pas de projets personnels en suspens.

L’an dernier, durant le premier confinement, j’ai documenté notre quotidien durant cette période bien spéciale, motivée par le désir de laisser un legs à mon fils N., à qui j’ai dédié un journal de pandémie. (Si vous ne l’avez pas déjà vu : Le temps tombé du ciel)

Alors voilà que début 2021, j'ai décidé de commencer un nouveau projet, vidéo cette fois : filmer une seconde par jour durant toute l’année et créer un film rassemblant le tout. Comme je flirte avec ce médium depuis deux ans, j’ai eu envie d’utiliser ce prétexte pour archiver des moments du quotidien, les petits comme les grands, pour révéler la richesse de gestes et de sons attrapés au passage.

Vous trouverez donc ici le premier montage de l'année, en plus d’une collection de photos racontant ce mois de quasi confinement, dans l’intimité de notre vie de famille.

(la suite en février)

Le temps tombé du ciel : semaine 12 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

30 mai

E., notre proprio, a les meilleures idées. Voilà qu’elle t'a fabriqué un M. Gazon avec un vieux bas-nylon, un peu de terre, des graines de gazon et des boutons. Depuis le 5e jour d'arrosage, les brins d'herbe poussent. Aujourd'hui, tu as décidé que c'était le temps d'une coupe pour M. Gaga (le surnom que tu lui donnes)!

Hors-photo, sache que c'est la véritable renaissance dans nos moyens de transport : nous avons maintenant un dispositif qui nous permet d'attacher ton vélo derrière le nôtre, et nous balader en tandem!

31 mai

« Maman, est-ce que tu peux me prendre en photo? Avec, tu sais, tes deux caméras? »

Je t'avais dit que je te montrerais comment je travaille maintenant, avec mes deux boîtiers sur moi, attachés à mon harnais de cuir. Tu avais attendu patiemment que je revienne de ma séance pour me demander.

C'est si rare que tu veuilles te faire photographier comme ça... Que tu aies envie que je te regarde de près dans les yeux, à travers mon objectif. Que je puisse utiliser mes stratagèmes de portraits d'enfant, qui révèlent les richesses des profondeurs et les yeux pétillants.

Toi, qui sembles avoir pris 5 ans d'âge, de corps et de cœur, ces dernières semaines.

Toi, dont la beauté me bouleverse chaque jour.

1er juin

Depuis deux jours déjà, une étrange visiteuse attire l'attention à Montréal : une baleine à bosses s'est égarée et a remonté le courant jusqu'ici. Déjà au courant de la semaine, son passage sous le pont de Québec, puis en amont vers Trois-Rivières, puis Sorel, avait fait jaser. Voilà qu'elle a élu domicile entre l'île Sainte-Hélène et le Vieux-Port, traversant parfois sous le pont Jacques-Cartier vers l'est. Le jour, elle barbotte tranquillement, alors qu'en fin de journée, elle se donne en spectacle en démontrant ses talents de sauteuse. Gracieux dix-roues dans le courant. Elle semble beaucoup s'amuser, mais tous ici se demande quand – et si- elle retournera chez elle un jour.

Nous sommes allés à vélo. Après avoir réussi de peine et de misère à traverser la rue Notre-Dame de nouveau bien fréquentée par les camions de livraison long-cour et autres navetteurs pressés, nous avons atteint le parc Bellerive. Il était un peu avant 10h, et déjà quelques curieux s'étaient installés le long des clôtures qui longe le port pour surveiller des signes de la baleine. Notre informatrice, membre de l'escouade nautique du SPVM en charge de veiller à la distanciation des embarcations d'avec le cétacé, nous avait informé qu'elle se trouvait dans le coin de Frontenac.

Elle avait raison : tout de suite après être arrivés, nous avons vu son souffle, son dos, sa queue. Une baleine devant nos yeux!

Ton intérêt pour le cétacé fût de courte durée, fasciné que tu étais pas les trains du port : « Je préfère regarder les trains, moi! »

2 juin

Aujourd'hui, nous avons appris que tu avais une place à la garderie à partir du 15 juin. Comme j'ai déjà repris le travail, et que je commence à être très fatiguée de ce marathon de soins quotidiens, nous avons accepté. Tu pourras retrouver tes amis! Et quand je te pose la question « as-tu hâte de retourner à la garderie? », tu me réponds un grand « OUI » tout enthousiaste. (j'ai déjà vérifié deux fois, bien neutre et sans réponse induite).

Entendu aujourd'hui : «  Pour aller sur la Lune, on va prendre nos vélos volants. »

3 juin

Depuis quelques semaines déjà que tu n'avais pas revu ta grande amie A. Depuis l'ouverture des modules de jeux, les enfants se rapprochent, qu'on le veuille ou non. Après avoir fait plutôt attention pendant plusieurs minutes, c'était plus fort que vous, et vous avez glissé enlacés.

4 juin

Sporadiquement, cycliquement, ton rêve proclamé est de devenir pompier. Ces derniers temps, tu t'exerces à la lance : tu arroses la cour – ton sport préféré. C'est du sérieux!

Du coup, tu réduis la tâche d'une des locataires d'en-bas. Et il n'y a pas à dire, notre cour est verdoyante!

5 juin

Aujourd'hui, tu es allé dans les jeux d'eau pour la première fois de l'été. On dirait bien que cette année, tu vas aimer! Tu étais si fier d'avoir traversé les jets de la grande loupe!

En soirée, nous avons enfin reçu des amis à souper - dans la cour, bien sûr. Une première! Tu étais si content... après tout, c'est toi qui avait suggéré les heureux élus. On a bien profité, mais ils sont rapidement partis quand il s'est mis à pleuvoir.

Juste toi et moi / Séance maman enfant à domicile / Photographe lifestyle et documentaire à Montréal

La relation qu’entretien une maman avec son enfant est viscérale - c’est le moins qu’on puisse dire. La douceur, la complicité, la fusion, la douleur, l’émerveillement, l’abandon et la bienveillance (et tant de choses encore) tissent ce lien entre la femme à sa progéniture. Documenter ces énergies à l’oeuvre est un immense privilège comme photographe. Aussi suis-je toujours très enthousiaste quand vous me demandez d’immortaliser des moments plus intimes entre vous et vos petits, en tête à tête, pour honorer votre rôle de mère.

Comme maman, je comprends tout à fait l’importance de ces précieuses interactions et ces détails qu’on ne veut pas oublier : les petits cheveux de bébé, les délicatesse d’une petite main dans la nôtre ou sur notre joue, la tendresse et le don-de-soi de l’allaitement, la morsure ou le coup de poing des toddlers, le regard rempli d’amour qui fait oublier tout le reste.

Ce jour de décembre, il faisait un peu moche et froid, mais il tombait une délicate petite neige. Il faisait un peu sombre dans ce bel appartement montréalais orné de boiseries, mais il y avait surtout E. et sa belle petite C. qui jouaient et s’aimaient.

Et l’envie de se souvenir avec sensibilité de toute les beautés d’une mère et sa fille.

Calendrier de l'Avent 2020 / Photographe documentaire à Montréal

La tradition s’installe : depuis trois ans déjà, je documente chaque jour de décembre, avec des photos tirées de mon quotidien, dans un calendrier de l’Avent qui se prend parfois un peu pour un journal presque intime.

Après un automne extrêmement occupé, voilà une occasion parfaite de prendre un petit peu de temps photographique pour moi et de terminer l’année en beauté.

1er décembre

Décembre commence en douce, en pleine semaine.

Aujourd’hui, c’est jour d’emballage de plusieurs séances photos prêtes à mettre à la poste. J’en profite pour faire quelques photos de photos pour du visuel de produits, et pour m’arrêter pour admirer la scène. (il est beau, le bureau de pandémie du mari)

2 décembre

Toute la journée, il a fait gris, sombre, moche. Pas assez de neige et trop de vent pour qu’elle reste en place au sol.

Pour changer d’air, je m’invite à dîner avec mon amoureux à son vrai bureau, au sommet de la Place Dupuis. Il est midi mais on dirait qu’arrive la nuit.

En fin de journée, après une longue absence, je retrouve enfin la gang de la chorale pour pousser quelques notes sur Zoom. Le bien que ça fait! J’avais presque oublié que les soirées, c’est pas fait pour travailler.

3 décembre

Les jours passent et ne se ressemblent pas tout à fait. Les mandats non plus, d’ailleurs!

À l’agenda aujourd’hui : beaucoup de route, et une prise de vues en milieu très rural. Ici, une vache de Coaticook fait de la figuration sur un plateau de tournage, en périphérie d’un plateau de fromages.

4 décembre

Congé de photos

5 décembre

Comment célébrer le 60e anniversaire de naissance d’un grand-papa bien aimé, alors qu’on est en pandémie et en zone rouge?

En lui faisant une surprise dans le stationnement d’un McDo quelque part le long de la 20!

Par moment, le fêté avait beaucoup de buée dans ses lunettes.

6 décembre

Ça sent encore l’Halloween à la maison, parfois. Il faut dire qu’à raison d’un bonbon par semaine, le sac ne descend pas vite vite.

Ce dimanche-matin, c’était le temps de téter un suçon trois couleurs. Une activité tranquille qui se conjugue très bien avec la lecture de Papa.

7 décembre

Nez qui coule depuis plus de 24h = test de COVID.

En attendant le résultat, cette journée a des airs de confinement - sauf que maintenant, c’est la saison des agrumes et des guirlandes.

8 décembre

Avoir 4 ans et aimer jouer avec les lettres.


9 décembre

Les journées de travail sont longues cet automne. Je vais me coucher quand les autres dorment depuis longtemps déjà.

Si c’était le 24 décembre, je serais debout pour servir un verre de lait bien froid au Père Noël.

10 décembre

Ce matin, nous avons enfin mis à la poste la lettre que N. avait écrite avec S. pour le Père Noël. C’est la dernière journée, si on veut une réponse avant le 25 décembre.

En mauvaise mère, j’espère qu’il ne recevra pas tous ça!

(Notez les importants détails manuscrits bien d’actualité : le nom écrit par l’enfant, ainsi que son âge bien en évidence. C’est, disons, plutôt ostentatoire tout ça.)

H0H 0H0

11 décembre

Congé de photos

12 décembre

Samedi matin, N. peaufine son circuit de train du moment. Il n’a même plus besoin de notre aide!

Tous les deux ensemble, nous construisons une gare en blocs. Contrairement au circuit qui traîne depuis une semaine, cette nouvelle construction s’avère bien éphémère.

Les jeux de lumière fascinent plus durablement.

13 décembre

N. se débrouille vraiment bien avec les lettres, déjà. Il reconnaît leur forme, leur son. Pendant des jours, il jouait avec son “Joyeux Noël” de lettres molles sans jamais trop les mélagner.

Aujourd’hui, c’est devenu un peu n’importe quoi.

Et ça : “Maman, est-ce que je peux mettre mon chandail à manches longues en-dessous de mon chandail à manches courtes?”

Amour d’amour…

(Juste pour le plaisir de l’écrire : LENO XYEJUO )

14 et 15 décembre

Congé de photos - j’en ai parfois grand besoin!

16 décembre

Ces derniers temps, l’enfant dessine des fusées, des fusées, des fusées! Elles décollent toutes plus vite les unes que les autres - parfois les unes derrière les autres, parfois les uns à côté des autres.

Les abords de son lit commencent à être bien garnis.

Et après une période de jachère au profit des petites voitures, les Legos reprennent du service : “ils courent en mission rapide!”

17 décembre

Congé de photos

18 décembre

Au déjeuner, N. qui veut savoir qui a la plus grande main.

La lumière d’hiver tellement forte dans le corridor, que je dois ouvrir la porte de la salle de bain pour couper le faisceau et mieux voir mon écran dans le bureau.

Encore 5 dodos avant les vacances.

N. qui s’amuse comme un petit fou dans le bain : “J’ai les oreilles bouchées, maman!”

19 décembre

Cet automne, S. a entrepris un grand projet avec N. : assembler un camion de pompier à coller. Une magnifique reconstitution d’un camion pompe American Lafrance des années ‘60, à l’échelle 1/25, dans une boîte vaguement vintage qu’on se demande si elle est vraiment ou faussement vieille.

Après plusieurs semaines de pause en attendant la commande de peinture spécialisée au magasin de jouets du coin, les gars ont repris du service. Aujourd’hui, ils ont peinturé quelques pièces carrosserie, en plus de coller de tout petits morceaux : boutons de contrôle de la pompe et plaque d’immatriculation. C’est un travail de moine, et chacun de leurs nombreux épisodes revêt la même aura de calme, de patience et d’apprentissage.

J’adore admirer cette passion retrouvée, en voie de passation.

20 décembre

Dernier dimanche avant Noël, temps doux avant une petite bordée de neige.

À défaut de pouvoir se réunir pour célébrer ensemble plusieurs famille ont pensé, comme nous, à se donner rendez-vous aujourd’hui en quelques mi-chemins, pour se donner en douce les cadeaux à déballer par Zoom le 24 ou 25 décembre. Nous en avons profité pour s’amuser un peu dans un beau parc de Drummondville, dans l’art de la distanciation physique contemporaine.

Le bien que ça a fait!

Prendre des nouvelle en vrai, voir bien comme il faut nos pattes d’oie s’animer par-delà les masques et la vapeur s’échapper de nos souffles en même temps qu’on entendait nos voix, sans décalage.

Les enfants n’ont rien vu des échanges de sac dans les coffres des voitures et n’ont pas entendu les chuchotements, trop excités qu’ils étaient de courir et sauter. Pour eux, c’est devenu normal de ne pas s’approcher des grands-parents...

Ces photos serviront à leur raconter.

21 décembre

Surprise dans la boîte aux lettres : le Père Noël a répondu à la lettre de N. !

Sa réaction? Pure fascination et aucune incrédulité!

Merci aux lutins de Postes Canada de travailler si fort pour mettre de la magie dans la vie des petits! Ça aide les grands à garder la foi en le coeur des autres.

22 décembre

À la demande générale, des nouvelles de la guirlande d’agrumes.

Vivement les vacances!

23 décembre

Hier, N. et son groupe on glissé pendant des heures à la garderie. Ce matin à 8h, il a fallu que je le réveille!

Mais juste avant, je me suis assurée de faire quelques photos d’une réalité qu’il n’est plus très fréquent de pouvoir admirer. (Mon coeur fond)

En fin de journée, c’était féérique dehors alors que je terminais la retouche de ma dernière séance de l’année. J’avais si envie de sortir dehors!

Demain. En bottes de pluie.

24 décembre

Si le coronavirus n’avait pas changé les rapports sociaux de tout le monde et imposé un temps des Fêtes en cellule familiale réduite, nous aurions célébré comme a l’habitude avec ma belle-famille.

Au menu, il y aurait assurément eu des saucisses au bacon. S. s’est donc assuré d’en préparer avec N pour le réveillon! C’est loin d’être végane cette recette, mais même si on avait pu façonner ces célébrations à notre manière sans froisser les aïeuls, c’est l’attachement aux traditions qui l’a emporté cet année. Pour nous faire sentir qu’un peu de ce qu’on connaît est vécu “comme avant”.

Au moment où le soleil se couchait, N. a préparé un dessin pour le Père Noël. De lui-même, il a pensé à y écrire des lettres de circonstance aperçues sur des décorations extérieures plus tôt dans la journée : “HO HO HO”.

Nous avons déposé l’oeuvre d’art sur le bord du sapin, avec un biscuit et un verre de lait, en plus d’une pomme et une carotte pour les rennes.

Quelques minutes plus tard, on sentait de la fraîche venir de devant la maison.

La porte était ouverte!

Dans l’assiette, il ne restait que le coeur de pomme.

Et des cadeaux étaient apparus au pied du sapin illuminé.

Le nid / Mini séance maternité en famille dans une ruelle d'Hochelaga / Photographe de famille à Montréal

Il y a bientôt deux ans, par un beau dimanche matin d’hiver, je visitais cette famille dans son lumineux appartement outremontois. Petit A. ne marchait pas encore et venait tout juste de commencer la garderie. Les parents souhaitaient alors garder des souvenirs de cette réalité filante à l’aube d’un nouveau chapitre de sa vie.

Quelques mois plus tard, et par les hasards des parcours de vie, nous nous sommes retrouvés voisins de quartier, dans Hochelaga. A. est devenu un champion olympique de draisienne et impressionne tous les copains du parc Lalancette!

C’est avec grand bonheur que j’ai accepté de documenter une nouvelle étape de la vie de cette famille, alors qu’elle construit son nid en même temps que maman couve un nouvel oeuf! On a même eu la visite d’une poule durant la séance….

Sans prétention, une fin d’après-midi grise et frisquette de la fin octobre, il y était une fois une famille en plein chantier et sa ruelle d’Hochelaga.

ps : Les amoureux sont particulièrement à l’honneur dans cet aperçu, pour préserver l’anonymat du petit. Je vous assure qu’il est absolument craquant et qu’il rayonne dans la sélection de photos remises aux parents :)



Si près, le bonheur / Séance nouveau-né à domicile / Photographe de famille à Montréal

Les séances photo nouveau-né font d’excellents cadeaux de shower de bébé. A. et M. ont justement reçu ce beau cadeau cet été!

Quelques semaines après la naissance de leur petite, le couple me recevait dans leur maison fraîchement bâtie pour immortaliser tout l’amour dans lequel ils vivaient dans ce nid douillet.

Des expressions de la petite S. bien éveillée à celles des parents lorsqu’ils lui prodiguent des soins, des orteils jusqu’au bout des doigts, des premiers livres au module d’éveil, tous ces petits détails peuplent les souvenirs captés par cette séance. La grand-maman a même fait une petite apparition au détour - preuves à l’appui.

À la veille de l’interdiction des visites à domicile pour un mois, déjà la nostalgie frappe - pour les nouveaux parents, les grands-parents et la photographe.

Courage, patience et amour,

On se dit à très bientôt!


Corinne danse / Séance photo créative / Photographe lifestyle à Montréal

Il y a de ces élans d’inspiration spontanée incontournables qu’il fait bon de suivre, d’honorer.

Au tout début de l’été, j’ai eu une envie très précise de photographier une danseuse en action dans la ville : de travailler avec la luminosité de fin de journée, d’admirer l’interaction d’un corps en mouvement avec l’espace urbain montréalais, en relation avec la lumière et l’architecture.

Pour ce projet photo créatif, j ’ai tout de suite pensé à Corinne Crane-Desmarais, une artiste formidable que j’ai la chance de connaître personnellement. Sans réfléchir davantage, je lui offrais de collaborer avec moi - et elle acceptait. En ces temps de pandémie où les arts de la scène sont privés de leurs lieux de diffusion traditionnels, cette séance photo était une occasion de performer pour soi, pour la ville - et maintenant pour vous.

Par un beau soir de juin, Corinne et moi avons parcouru le vieux Rosemont à la recherche de cette lumière et de ces lieux qui nous inspiraient. Ensemble, nous avons mis nos visions en commun pour créer cette série de photos, qui se décline en 5 tableaux.

De la golden hour au coucher du soleil, traquer la beauté dans les derniers rayons du jour.

Le temps tombé du ciel : semaine 11 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

23 mai

L'annonce de la reprise de service pour les photographes, hier, a un peu chamboulé ma fin de semaine.

Aujourd'hui, j'ai donc travaillé un peu à l'élaboration d'un plan de match professionnel pendant que tu jouais avec Papa au parc et dans la ruelle.

Je vous ai ensuite rejoints pour une virée dans le stationnement du collège en famille : c'est que tu es gêné de te pratiquer à faire du vélo d'équilibre devant les amis de la ruelle. Tu trouves qu'ils vont bien vite, eux, avec leur vélos de grands! Même la petite de trois ans qui habite en arrière file à vive allure sur sa draisienne. Alors nous t'avons accompagné pour que tu gagnes en assurances et en confiance en tes moyens avant de t'élancer devant les autres.

Pendant que nous y étions, ton père a grimpé dans un des arbres qui trônent au milieu du stationnement, et t'a hissé en haut avec lui. Tu étais excité, mais tu avais aussi un peu peur. C'est normal!

En après-midi, nous nous sommes amusés dans la cour : tu as coupé du gazon avec des ciseaux, nous avons mis un drap par terre pour jouer au jeu de mémoire, et puis tu t'es enveloppé dedans pour te cacher.

Après avoir soupé sur le balcon, nous avons profité des splendeurs du coucher de soleil dans la ruelle – jusqu'aux derniers rayons, qu'on ne voit normalement jamais. Tu t'es couché tard, mais tu en as eu plein les yeux – nous aussi.

24 mai

De rares jours, je n'ai pas envie de prendre de photo. C'est souvent le dimanche, quand nous somme occupés à profiter de la vie à trois. On a joué, on a fait des courses et on est allés prendre l'apéro chez des amis (on a le droit maintenant, depuis vendredi! À 2 mètres) sans repasser à la maison – donc je n'avais pas ma caméra pour immortaliser tout ça.

Pour terminer la journée, on a soupé tard (on a un nouveau barbecue!), tu t'es encore couché tard, et nous avons appelé une veilleuse en renfort pour t'accompagner vers le sommeil.

25 mai

Montréal se déconfine de plus en plus avec la réouverture des commerces non-essentiels. Je peux donc reprendre le travail! (Même si je m'occupe encore de toi quelques semaines, jusqu'à ce que ta place en garderie soit prête.)

Aujourd'hui, tu as reçu du courrier de tes grands-parents : une enveloppe remplie de collants – et d'une belle photos d'eux ensemble. Tu t'es empressé de vider la page de voitures, les agençant d'abord dans une mise en scène d'accident, sur une grande feuille de papier. Les camions de pompiers qui se sont foncés dedans à une intersection, les ambulances qui accourent, les embouteillages, les pancartes qui indiquent la direction à suivre... Tout y était – c'est le cas de le dire. Tu t'es ensuite mis à transférer les collants sur tes objets, dans de petites mises en scène. Sur ma main, tu as collé une flèche de sens unique : « c'est pour dire que la bague est ici. »

26 mai

Au début du moi, nous enfilions encore nos manteaux d'hiver pour aller trottiner dans le quartier. Soudainement, c'est la canicule! Tu adores te saucer dans ta petite piscine – qui est à peine plus grande que le bain. Tu aimes encore plus les jets d'eau! Pour une première année, tu apprécies te faire arroser. Cet après-midi, l'arrose-gazon a donc servi de jeux d'eau de ruelle, au grand bonheur de toi et tes copains. Ça me rappelait mon enfance, le béton en moins.

La lumière, l'eau, le mouvement et ta voix enthousiaste... C'était une vision si belle et dynamique! Dans le feu de l'action, j'ai documenté le tout en vidéo seulement)

En fin de journée, tu aurais bien aimé rejoindre les filles pour leur entraînement bootcamp dans la ruelle.

27 mai

La canicule continue. Ce matin, nous nous sommes rendus à la fontaine du marché Maisonneuve. Les gouttelettes échappées des hauts jets ne suffisaient pas à nous rafraîchir. Rapidement, tu as souhaité rentrer à la maison pour jouer dans ta petite piscine. Tout nu! À vrai dire, par les temps qui courent, tu as souvent envie d'enlever tes vêtements.

Plus tard, pour terminer la journée en beauté, nous sommes sortis nous balader pour admirer les lilas en fleurs dans le voisinage. C'est une vision et un parfum qui me ravissent de plus en plus à chaque année. (À bien y penser, depuis l'année de ta naissance, je crois.)

En chemin, tu as eu l'idée te mettre ta force à l'épreuve en soulevant un pavé. Tu as vite compris ta mauvaise idée... C'est un gros bobo que tu t'es fait dans le silence le plus total. Ta grimace de douleur a suffi – mais tu ne t'es pas manqué! Je crois que tu ne t'y reprendras plus.

28 mai

Il est finalement arrivé : le bout du rouleau. Deux mois et demi plus tard. Tout ce temps que nous passons ensemble commence à me peser. Il ne me reste plus beaucoup de patience, envers toi, envers moi, envers cette réalité familiale de mère-au-foyer-dévouée-toute-entière-à-l'autre. Je t'aime, mais j'aurais besoin d'une pose. Lire, écouter de la musique, chanter, sortir marcher à la brunante. C'est choses que j'aime qu'il est difficile – voire impossible – de réaliser quand je suis toujours « de garde ». Ce journal de confinement, passion et exercice vital, me garde le nez dans ces journées avec toi. Pour le meilleur et pour le pire. Je m'efforce que le meilleur rayonne!

Nous avons eu la visite d'une amie au parc. Ça a fait du bien, en plus de relativiser nos maux de confinement. Parole de célibataire : « Ça fait des mois que je n'ai touché à personne ». T'imagines? Quelle chance d'avoir été confinés en famille, câlins à volonté.

En après-midi, nous avons sorti la peinture à l'eau. Tu as peint une grotte vue du ciel quand tu es passé en parachute (!), amalgame entre un vidéo de parachute et un article sur la spéléologie que je t'ai montré cette semaine.

En soirée, nous avons inauguré avec beaucoup de bonheur notre table de balcon. C'est un plaisir que nous renouvelons enfin, après 3 ans sans déjeuner à l'étage. D'en haut, on voit encore mieux les arbres, les lignes tes toits, on observe mieux notre coin de ville. Ton père était si heureux... et toi aussi. (et moi donc, puisqu'il nous a pris ces belles photos)

29 mai

D'où venait ce malaise qui t'a rendu malade ce matin?

Nous ne le saurons pas.

Je me suis simplement occupée de toi.

Le temps tombé du ciel : semaine 10 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

16 mai

Nos semis commencent à sortir de terre. On a même des surprise : toutes les graines semblent soudainement avoir germé! Comme je n'étais pas certaine que les graines des poivrons achetés à l'épicerie allaient réellement donner des pousses, nous en avons placé plusieurs par pot. Résultat? TOUT a poussé! Au total, près d'une centaine de tiges ont poussé... Notre étonnement est grand devant ce spectacle, où des amas de tiges cachées sous des bosses de terre se déploient enfin. Où va-t-on planter tout ça? On se fait une haie, peut-être?

Dehors ce matin, on a réussi à te convaincre de monter sur ton vélo pour te pratiquer. Tu as pédalé presque 5 minutes, cette fois. Lentement, mais sûrement!

17 mai

En cette ère de la distanciation sociale, comment profiter du beau temps et prendre l'air sans se préoccuper de trop se rapprocher des autres gens aussi à la recherche de pareilles sensations? En visitant un grand parc nature! C'est l'idée de ton père, qui connait un peu mieux que mois les trésors des bouts de l'île. Nous profitons de ce beau dimanche pour donner rendez-vous à des amis, pour une petite marche et un pique-nique qui sort de l'ordinaire.

Dans le stationnement, nous sommes accueillis par des traces de chevreuil bien fraîches. Je ne prends pas beaucoup de photos, préférant documenter l'événement par quelques vidéos.

Au retour, nous vivons un miracle : tu t'endors dans l'auto! C'est ta deuxième sieste depuis le début du confinement.

18 mai

Votre projet voit enfin le jour aujourd'hui : ton père et toi mettez la touche finale à la pancarte « Attention aux enfants » commencée la semaine dernière. Au petit matin, S. trace au plomb les mots et dessins que plus tard, vous peinturez ensemble. Le tout sera protégé d'une couche de vernis. Le soir, nous installons votre œuvre - et la laissons maintenant faire son œuvre à elle.

19 mai

Quand nous affirmons habiter près du Stade, souvent les gens nous disent : « chanceux, vous être proche du Parc Maisonneuve! ». Et bien malgré ça, nous n'y allons presque jamais. C'est en haut de la côte, au-delà de notre circuit habituel. Si proche, mais si loin en même temps...

Il a donc fallu que je mette cette sortie dans les plans pour enfin y aller ensemble, tous les deux, deux mois plus tard. En route, tu t'exclames : « c'est loin, le parc! ». Une chance que nous avons pris la trottinette.

Une fois rendus à l'intérieur, nous trouvons un endroit ensoleillé pour lire « The fire cat », ce livre que tu aimes tant. Nous marchons ensuite dans la « forêt » (une frange d'arbres), à la recherche de chevreuils. Tu trouves un tronc coupé et te penche au-dessus : « on regarde pour voir où on est » (comme sur une carte!)

Puisque l'entrée sur le terrain du Jardin botanique est interdite aux visiteurs, nous ne nous sommes pas approchés des grandes plates-bandes de tulipes bordant l'allée menant au pavillon (mais desquels certains s'approchaient malgré l'interdiction de passer). À la place, nous nous contentons d'admirer les tulipes à l'extérieur de l'entrée, près de l'intersection de Sherbrooke et Pie-IX. Tu suis avec beaucoup d'intérêt les allers et venus d'un petit papillon qui, comme toi, aimes beaucoup ces fleurs.

- « C'est quoi ta couleur de tulipe préférée? »

- « Toutes les couleurs! »

En arrivant à la maison, au lieu de regarder une vidéo de Canadairs pendant que je préparais le dîner, tu as voulu voir comment poussaient les tulipes.

20 mai

Les jours sans histoires sont nombreux, dans ce confinement. Souvent, c'est le jour de la marmotte. Tu aimes les choses simples – et moi aussi.

Une sortie dans la ruelle t'a suffi ce matin : marelle, observation des fleurs du moment et trottinette. Le soleil plombait et il faisait très chaud. Tout de même, tu refusais d'enlever ton chandail chaud.

Lors de notre deuxième sortie de la journée, en après-midi, tu as voulu mettre ta nouvelle casquette et ton chandail « de magie » (le rose, que tu aimes tant). Au bout de tes doigts, les pissenlits avaient justement l'air de baguettes magiques.

21 mai

Tout ce temps passé ensemble, et le fait que je m'attarde aux détails de notre quotidien, m'amène à remarquer - et noter – que c'était ta première sortie matinale en culottes courtes cette année! Au parc, tu as demandé à être pieds nus dans le sable de l'aire de jeu (illégal, pas illégal, on laisse de plus en plus aller). Tu t'es exercé avec fierté à sauter du haut du massif rocheux du module des petits. Tu volais presque!

22 mai

Au petit matin, notre très chère proprio et voisine E. a réparé la crevaison sur ton vélo d'équilibre - dont tu n'as jamais voulu, mais qui ferait un si bon entraînement pour passer au grand vélo à pédale et petites roues.

Tout de suite après, tu as accepté de monter sur ta selle : tu as ainsi pu apprivoiser le mouvement du guidon qui tourne. Tu as commencé en marchant assis, mais déjà après quelques minutes, tu commençais à gagner en assurance et à faire des pas de plus en plus grands. C'est un bon début!

En fin de journée, tu demandais à reprendre l'exercice. Quelques minutes de plus, c'est déjà ça! Parce qu'un jour, tu sais, on fera un voyage à vélo ensemble au bout du monde.

D’ici là, tu adores faire le parcours que j’ai dessiné à la craie dans la ruelle.

Le temps tombé du ciel : semaine 9 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

9 mai

La semaine dernière, ton père t'a promis qu'il te fabriquerait « quelque chose en bois » cette fin de semaine. Nous avons eu l'idée de rendre l'utile à l'agréable : fabriquer un panneau « Attention aux enfants » pour mettre à l'entrée de notre ruelle – que certains automobilistes prennent pour une piste de course. Depuis le temps qu'on en parlait!

Le plan était simple : prendre une retaille de panneau de contreplaqué qui traîne dans la remise, le couper à une taille raisonnable, le peindre en blanc puis écrire et dessiner dessiner dessus pour le transformer en outils de sensibilisation au vivre-ensemble.

Aujourd'hui, la première étape : couper le panneau de bois. Et toi qui s'exclame : « C'est la première fois que je vois quelqu'un qui scie du bois comme ça. » Quelle bonne occasion de te rentrer ta première écharde!

Plus tard, j'ai aussi capté quelques souvenirs d'une promenade de fin de journée, et cette lumière trop belle près de la ruelle des lilas – comme on l'appelle. Je ne me tannerai jamais de ta petite silhouette.

10 mai

À 7h30 ce matin, j’ai été réveillée par ton père qui sortait du lit, en douce, pour se rendre à ta chambre. Je ne t'avais pourtant pas entendu appeler.

Tout de suite, vous vous êtes mis à chuchoter. Dans la cuisine, j'ai entendu des bruits de plastique froissé, des ricanements, et encore plus de murmures mystérieux. Une partie de moi essayait de déchiffrer ce que vous faisiez, une autre me disait de me boucher les oreilles pour garder la surprise totale : ce n'est pas la fête des mères tous les jours!

Quelques minutes plus tard, tu venais me tirer du lit : « Bonne fête Maman! » (« Il sait que ce n'est pas ta fête, mais il voulait absolument te le dire comme ça! »)

Sur la table de la cuisine, trônait un beau bouquet de roses – séchées -, une carte et une bouteille de bulles pour le bain (« naturelles », s'il vous plaît!). Je crois bien qu'un de ces beaux cadeaux va bénéficier à toute la famille!

Après avoir mangé le bon petit déjeuner que vous m'avez préparé, nous avons poursuivi notre œuvre de ruelle : peinturer le panneau ce bois. Chacun à notre pinceau, nous avons étendu le blanc le plus immaculé du moment. La suite dans quelques jours.

En après-midi, tu as demandé à ton père quand il te ferait « quelque chose en bois »... Tu n'avais pas compris - ou n'acceptais pas - que ce serait la pancarte pour la ruelle. Ton père a rebondi, te demandant ce qui te ferait plaisir d'avoir comme jouet : un avion!

La retaille de la retaille de contreplaqué devint des ailes. Un bâton de bois trouvé sur le bord du chemin, la carlingue. Tu as aidé à scier, sabler, visser, clouer, avec beaucoup d'attention et de fierté.

Question de me faire plaisir, j'ai demandé à passer un peu de temps avec vous au salon, à manger du pop-corn pendant que je gratouillais la guitare – que je ne touche presque jamais ces dernières années.

Puis, tu nous en as sorti une bonne. Enfilant ton petit masque en tissu, tu t'es exclamé : « Je joue que je vais à l'épicerie! »

Ces bonheurs simples sont les plus précieux.

11 mai

Ah, ce qu'on ne connait pas bien la faune montréalaise – pas encore, du moins. Se balader avec toi nous rapproche chaque jour un peu de la biodiversité locale, à force d'observations et de questionnement. Il ne manque plus qu'à chercher quelques réponses...

Ce matin, alors, une autre petite coquille d'oeuf turquoise s'est trouvée sur notre chemin. À la différence de la dernière fois, il s'agissait aujourd'hui d'une moitié, toute propre celle-là. Est-ce que l'oiselet était bien né? Était-il encore vivant, à profiter du printemps? S'était-il déjà envolé?

Nous avons cherché un nid dans les buissons environnants, mais nous n'avons rien trouvé. Peut-être étaient-ce d'autres enfants curieux qui l'avaient déplacé jusqu'aux abords du terrain de soccer du collège de Maisonneuve? Un prédateur?

À la maison parfois, tu me fais penser à un oisillon qui observe le monde du haut de son nid.

12 mai

Depuis quelques temps, nous apercevons régulièrement ce mignon gros minou, un peu plus haut dans la ruelle. Le pauvre persan est en laisse, attaché derrière chez lui. Il est sociable et bavard – et allergène, de mon point de vue. Pour l'enfant sans animal que tu es, c'est une bête fort attachante (!). Tu as néanmoins intérêt à ne pas trop t'attacher, malheureusement, car il paraît qu'il déménage au premier juin.

*

L'épisode du bain s'est trouvé grandement amélioré depuis la fête des mères : tu es devenu fan des bulles! En plus de te faire glisser dans le fond du bain, le savon mousse nous fournit une projection dans le futur : toi avec une barbe – blanche.

13 mai

La semaine dernière, ta grand-mère a eu la très bonne idée de t'envoyer un nouvel ensemble de legos par la poste. Le hic? Les frais de poste semblaient démesurés pour le cadeau, alors elle a décidé de le garder chez elle jusqu'à nos retrouvailles – et de t'envoyer un message vidéo pour t'annoncer la bonne nouvelle.

Malheureusement, cette bonne intention t'a apporté beaucoup de tristesse... Par un beau hasard, un petit ménage de garde-robe m'a fait tomber sur un mini ensemble de blocs que tu avais reçu alors que tu étais beaucoup trop petit pour ces manipulations. La joie quand tu as vu la petite boîte! Sur l'image, la voiture de course, le monstre et le moulin t'ont vite donné envie de te mettre au travail. En 30 minutes, tu avais réalisé les trois constructions!

Ton autre grande force restera la trottinette, que tu maîtrises mieux que jamais. Tu prends parfois une telle vitesse dans les pentes! Tu mets ton sens de l'équilibre à l'épreuve en faisant l'arabesque roulante, ou encore en t'acroupissant, les pieds comme en rouli-roulant.

Je t'appelle mon trottineur acrobatique. Tu préfères que je t'appelle « Trottineur aquatique de vitesse » (!). Pourquoi pas!

Et j’adore quand tu trottines avec ton ombre.

14 mai

Mai avance, et ton appréciation des pissenlits ne tarit pas. Tu aimes les sentir et t'en mettre plein la figure. Depuis quelques jours, tu peux maintenant faire voler leur graines – en soufflant, en les arrachant, en secouant les tiges - et ça t'amuse franchement.

Ce matin, en route vers le parc Morgan (encore la grande aventure), nous sommes passés devant une école où on donnait des objets perdus aux passants. De loin, je devinais une prof bénévole (elles donnent leur temps sans compter), postée entre le trottoir et la clôture, à lancer les objets choisis.

Au parc, il y avait plus de gens cette fois-ci. Il faisait beau, et certains en profitaient pour faire un pique-nique ou se mettre en manche courte à l'abri du vent. En trottineur aquatique de vitesse / acrobatique, tu dévalais la pente tellement vite, et sur une patte de surcroit... que je n'osais même pas regarder. Tu étais magnifique, confiant, libre. Ça nous a fait du bien.

Comme le parc est loin de la maison, nous n'y restons jamais bien longtemps. Surtout que notre vitesse de croisière est celle de la tortue. Déjà à la fontaine côté Sainte-Catherine, tu voulais grimper, observer l'entretien en cours, sauter.

Pour te faire avancer de quelques mètres, je t'engage en pointant le théâtre Denise-Pelletier de l'autre côté de la rue :

  • « Est-ce que tu crois que c'est un vieux bâtiment ou un bâtiment nouveau? »

  • « Vieux. »

  • « Qu'est-ce qui te fait dire ça? »

  • « Parce qu'il y a des vieux dessins. »

Bien vu, cher enfant! C'est le début d'une sensibilité architecturale, que nous travaillerons tous les deux – avec ton père aussi, qui est pas mal à ce chapitre.

*

Aujourd'hui, j'ai procédé à un envoi de masse de beaux portraits d'enfance par la poste. Après un décalage de plusieurs semaines dû aux fermetures des services non-essentiels, j'ai enfin pu rassembler ces souvenirs de la vie « d'avant » : des frimousses heureuses et insouciantes photographiées à la veille du confinement soudain. Je suis heureuse que mon travaille serve à se souvenir du beau, de amis, du personnel tellement bienveillant des garderie. De la beauté de l'enfance, justement.

*

Pourquois du jour :

  • « Pourquoi les adultes traversent la rue tous seuls? »

  • « Pourquoi je suis un garçon? »

15 mai

Bien que les beaux jours de printemps soient arrivés, il y a parfois des jours bien gris comme aujourd'hui. Il y avait longtemps que n'étions pas allés nous balader dans le stationnement du cégep. L'endroit était désert – si ce n'était que de cette femme qui y avait elle aussi trouvé un peu de calme et d'horizon, et travaillait à l'ordinateur sur une table de pique-nique.

Entre deux jeux imaginaires, nous avons écouté le chant des oiseaux, qui sont très nombreux dans ce grand îlot où poussent plusieurs grands arbres. Un merle d'Amérique était perché sur l'arbre planté dans le terre-plein que tu appelles ta fusée. Il jasait et sautait parfois de branche en branche. Voulant le photographier pour montrer comme il était bien camouflé, je l'ai accidentellement capté en plein envol. Bien qu'en très petit sur la photo, l'arrêt sur image de son plumage déployé est de toute beauté. Une fraction de seconde dans l’infini.

De retour à la maison, je t'ai sorti une loupe pour que tu observes en détail les pousses de poivrons qui commencent à sortir de terre. Comme c'était la première fois que tu manipulais cet instrument, ses effets t'ont rapidement fasciné.

Je t'ai aussi montré que la loupe pouvait déformer les traits du visage... les tiens, plus exactement!

Le temps tombé du ciel : semaine 8 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

2 mai

Enfin, il a fait chaud aujourd'hui. Nous sommes sortis te faire courir au parc, puis avons enchaîné avec une course de grands (toi dans ton bolide de course : la poussette!) et accessoirement saluer des amis à l'autre bout de Maisonneuve – à 2m de distance s'il vous plait.

Nous avons ensuite fait une tournée du centre-ville en voiture pour prendre le pouls des artères commerciales et des parcs, question d’observer comment se vivait la distanciation sociale un beau jour de fin de semaine. Tu as été bien patient et as apprécié admirer les gratte-ciels et les maisons victoriennes avec nous. Il faut dire que maintenant, tu es assez grand pour regarder dehors et descendre ta fenêtre toi-même.

3 mai

Comme il faisait (encore) beau ce matin, ton père en a profité pour t'initier à la pétanque au parc Lalancette. Mais toi, tu préférais faire rouler les boules dans la descente pour handicapés du pavillon des sports.

En après-midi, nous avons donné un peu d'amour – et d'eau - à notre carré d'arbre, où nous avons osé planté quelques rhizomes de houblon. Après avoir fini le travail, nous avons trouvé un petit coin sur le balcon à côté de ton vélo (que tu ne veux jamais utiliser) pour faire l'apéro sans manteau. Tu aimes tant les olives... que tes petites dents « épluchent » délicatement, les Kalamata autant que les vertes reines. Ton eau-pétillante-jus-de-citron-sirop-de-grenadine accompagne chacun de nos toasts. Peut-être est-ce ce qui nous garde en santé?

Il s'est mis à tomber quelques gouttes, alors nous sommes rentrés jouer. Quand le ciel a laissé passer quelques brillants éclats de soleil, j'ai tout de suite pensé qu'un arc-en-ciel devait se dessiner quelque part. Il était bien là, tracé parfaitement d'est en ouest, de part et d'autre de la maison.

« C'est la première fois que je vois ça, un arc-en-ciel! »

4 mai

Depuis quelques jours, tu demandes à aller au parc Morgan. C'est vraiment étrange, puisque nous n'avons pas mentionné son existence depuis des mois. Un beau jour que nous étions au marché Maisonneuve, tu l'as aperçu par-delà la fontaine, puis sa mémoire t'es revenue.

Aujourd'hui donc, nous avons fait une grande balade en trottinette jusqu'au beau parc Morgan. Pour faire changement, j'ai laissé la caméra à la maison. Le temps gris avait certainement donné envie aux familles de rester à la maison, car il n'y avait personne. C'est tellement étrange, un parc sans enfant... On sentait davantage la proximité avec le port, d'où on voyait promener les conteneurs sous les grues. Et tu avais la rigole sèche à dévaler, pour toi tout seul.

Durant le repos, je suis allée faire les courses pour la semaine. Pendant mon absence, tu as fait un bricolage pour ton père qui travaillait – glissé sous la porte du salon. À mon retour, avec les retailles, tu as spontanément bricolé un avion. En le coloriant, tu t'es mis à tracer avec soin des lignes de couleurs différentes les unes à côté des autres, sur une aile :

- « Qu'est-ce que tu dessines? »

- « C'est le drapeau de l'Italie »

Pourquoi l'Italie? À cause de ton livre Martine en avion, qui suit la petite dans son périple jusqu'à cette exotique destination.

Plus tard, quand ton père a terminé sa journée de travail, il est ressorti du salon avec entre les mains le bricolage que tu lui avais fait – et dans les yeux, un air ébahi :

- « Qu'est-ce que tu as écrit ici, N.? »

- «  Mon nom! »

Alors c'est comme ça qu'un beau jour de mai, tu as écris ton nom tout seul pour la première fois, sans aide! Bon d'accord, il manque quelques lettres, mais à nos yeux c'est fabuleux. Ce qu’on est fiers de toi… C'est comme ça, les parents.

Puis, pour continuer avec les couleurs et les lettres, on a mis de la craie et de la joie sur le trottoir près de notre carré d'arbre, pour faire sourire les passants derrière leurs masques.

5 mai

Comme tu poses toutes sortes de questions à notre bricoleuse proprio, qui est toujours en train de construire ou réparer quelque chose autour de l'immeuble, celle-ci a eu l'idée la plus adorable qui soit.

Sans l'annoncer, elle est venue te porter un cadeau : un coffre à outils! TON premier coffre à outils – qui était en fait le sien aussi, reçu lorsqu'elle était petite, puis garni de quelques outils en guise de trousseau. Ça fait beaucoup de première mémorables dans la même semaine...

6 mai

Je sais qu'on est un peu en retard, mais comme j'ai toujours envie de faire des activités éducatives avec toi – mais prends très peu le temps d'organiser les choses – nous avons enfin planté quelques graines pour faire des semis. De poivrons – ou « provrons », comme tu dis. À partir de poivrons achetés à l'épicerie – et mangés. Tu n'avais finalement pas tellement envie de m'aider dans ce projet, que j'ai pas mal réalisé toute seule. Tu as collé les collants pour identifier les pots selon la couleur des légumes : orange, rouge et jaune. C'est déjà ça!

Durant notre balade matinale, nous nous sommes arrêtés pour observer l'état de décomposition du petit œuf turquoise aperçu dans une ruelle il y a quelques semaines. Tu m'as alors demandé à prendre ma caméra. J'ai hésité, puisque pour une rare fois, j'étais sortie avec mon boîtier professionnel... Puis je t'ai fait confiance.

J'ai bien fait, puisque tu as réalisé des portraits très réussis de moi – je trouve! (« J’ai pris plein de photos de Maman… Youpi, j’suis content! ») Malgré le côté un peu aléatoire de tes cadrages - puisque tu avais du mal à enligner ton œil dans le viseur - ces quelques photos sont absolument fidèles au moment. On y voit une maman face à son grand garçon, aimante, fatiguée, amusée. À l'image de nos journées de confinement.

Au bout de la ruelle, les fleurs de magnolia continuaient tranquillement de s'ouvrir.

En après-midi, question de pouvoir travailler un peu, je t'ai installé à mes côtés, sur le vieux coffre dans l'entrée. Tu y a dessiné «  La ferme-champ », une œuvre abracadabrante mettant en scène un fermier et sa ferme dans lequel brûle un feu de foyer, avec au grenier un clapier. Le tout au-dessus d'un champ où se côtoient maïs, terre, gazon et carottes.

Quand as-tu étudié les perspectives de Picasso?

7 mai

Des photos prises aujourd’hui, se révèlent des cloisons et frontières, visibles et invisibles, qui peuplent notre environnement et notre mode de vie actuels.

Au parc, après notre jeu de ballon de part et d'autre d'une clôture, tu as voulu aller jouer dans les estrades. Malheureusement, il a fallu attendre qu'elles se “libèrent” pour ne (SURTOUT) pas s'approcher des autres enfants qui s’y amusaient déjà.

Plus tard en après-midi, en mangeant ta collation sur le balcon arrière, tu regardais des voisins plus vieux jouer au tennis dans la ruelle, intrigué et envieux. Quand dans le feu de l'action ils s'approchaient, tu criais « 2 mètres! ».

8 mai

Aujourd'hui près de la fontaine du marché Maisonneuve, nous avons retrouvé Ellie, une copine de ton ancienne garderie avec qui nous n'avions pas gardé contact. Tu ne l'avais pas revue depuis la fin de l'été dernier, et tu ne semblais pas trop t'en rappeler...

Elle, ne t'avait pas oublié : elle était si contente qu'elle te pourchassait avec son vélo. Saisi d'une grande timidité à la rencontre de tant d'enthousiasme, tu as dû trouver du réconfort dans mes bras pour te ressaisir. Un instant plus tard, tu la pourchassais en retour en criant son nom, tout sourire. Ah, les émotions!

Comme autrefois, sa maman et moi vous confondions : vous vous ressembliez avec vos belles bouclettes blondes, vous vous ressemblez à nouveau avec vos casques à pois.

(Ai-je vraiment besoin de souligner qu'il neigeait encore, en cette deuxième semaine de mai?)

Le temps tombé du ciel : semaine 7 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

25 avril

Pour faire spécial (et efficace) aujourd'hui, nous avons fait l'épicerie pour la semaine avec la voiture que nous avions emprunté pour aller au centre-ville en urgence mercredi. Tant qu'à être en déplacement, nous en avons profité pour aller prendre l'air du large et saluer des amis du Far West (du fond de leur cour). 

Au retour, nous avons traversé le fleuve en empruntant les deux ponts entre là-bas et chez-nous : quelles magnifiques perspectives sur la ville et sur nos vies confinées!

Secrètement, nous avons essayé de te faire faire une sieste - en vain. Tu étais trop content de voir tout ça toi aussi.

26 avril

Aujourd’hui, je ne me sentais pas très bien. On a fait beaucoup de ménage dans la maison, et je me suis complètement coincé le dos en nettoyant le plancher. Ton père et toi rattrapiez le temps perdu pendant que moi je me reposais.

Mine de rien, je n’ai pas touché à ma caméra de la journée (une première en près de 50 jours de confinement). Ton père avait donc la voie libre pour utiliser la sienne - il a justement fini un film, que nous avons bien hâte de faire développer quand le labo rouvrira.

27 avril

Ce matin durant notre marche, nous avons admiré le rose des boutons de fleurs de magnolia, le turquoise d'un œuf tombé du nid et le jaune des nouveaux pissenlits hochelagais.

À notre retour, une belle surprise t'attendait dans la boîte aux lettres! C'était une réponse d'amis à qui tu avais envoyé un beau dessin la semaine dernière. Vous entretenez une vraie correspondance!

En prime, les amis avaient joint à leur lettre, une belle feuille de collants tous droits sortis d'une autre époque – un jour, tu sauras qui sont ces étranges personnages rigolos à la peau jaune. Tu as tout de suite décidé d'en coller un grand nombre :

- "J'suis vraiment content que c'est à moi. Je partage avec les autres. (...) T'en as beaucoup toi, c'est pour dire que t'es une princesse, Maman."

#petitbonheur

En soirée, nous avons célébré à distance la fête de ta tante. Quel moment heureux et crève-coeur tout à la fois... Nous nous souviendrons longtemps de ces quarante chandelles que nous aurions tant aimé souffler avec elle.

28 avril

Le ciel était si beau ce matin. Il était d'un bleu profond, et de fins nuages semblaient avoir été dessinés par légers coups de pinceau. Ces derniers temps, tu as beaucoup envie de rester dans ton parc. Tu as découvert un nouveau potentiel à la butte du terrain de balle : la dévaler assis sur ta trottinette.

Comme c'est la première saison des pissenlits, tu as toujours envie d'en cueillir, « pour les donner à Papa ». Bien que ces fleurs ne s'y prêtent pas vraiment, je t'ai tout de même recommandé de les mettre dans l'eau pour qu'elles se conservent jusqu'à ce que Papa ait fini de travailler. Pour m'assurer que tu ne les immerges pas au complet, je t'ai précisé de ne mettre que la tige dans l'eau.

Pendant que j’étais occupée à autre chose, et bien, tu as pris ces instructions au pied de la lettre...

« Et voilà! »

La pureté de ta joie a vite fait de chasser ma stupéfaction. Rarement ai-je ressenti un attendrissement aussi fort pour toi. Des fois comme ça, malgré toute la maturité dont tu fais preuve pour ton âge, j'ai une démonstration fulgurante que tu n'es encore qu'un enfant.

Un enfant qui plus tard a rempli sa mission d'aider au lavage de fenêtres avec beaucoup de motivation. Un signe qu'enfin, le printemps est arrivé - et que tu es quand même un peu un grand, maintenant.

29 avril

Ce printemps, les parents bien spontanés que nous sommes ont été un peu pris de court de constater que tu grandissais plus vite que les vêtements que les gentils voisins mettaient à notre disposition. Surtout en ce qui concerne les souliers.

Tes pieds sont tellement longs... On chausse grand, dans nos familles, et ta génétique nous rappelle quotidiennement les attributs des uns et des autres dans ton arbre généalogique.

Ce matin, je t'ai donc fait choisir entre deux modèles de bons souliers repérés sur internet (des 12, la taille juste avant les tailles de grands!). Comme l'achat en ligne est très peu notre genre, j'ai réussi à trouvé une boutique rosemontoise qui permettait la cueillette quasi immédiate.

Pour passer le temps avant ce moment tant attendu, nous sommes allés jouer dans le carré de sable du parc - de manière totalement assumée. Pendant que tu jouais, tu y as attrapé une coccinelle pour la première fois. Ce moment fut trop bref pour l'attraper sur caméra, mais tu m'as raconté comment tu as aimé la faire marcher d'un doigt à l'autre, sentir ses petites pattes se serrer sur ta peau, avant qu'elle ne s'envole.

En après-midi, tu t'es rapidement affairé à casser, salir et grafigner tes souliers neufs. Tu as vite fait la démonstration qu'ils peuvent tout faire : marcher, courir, sauter, grimper. Tout, sauf sauter dans l'eau.

Prochains mission : te trouver de nouvelles bottes de pluie.

30 avril

Il pleuvait beaucoup ce matin. Ce genre de matin qui donne envie de rester au lit. Une chance que tu avais une motivation pour sortir : aller marcher sous la pluie avec ton nouveau parapluie - acheté en même temps que tes souliers. (Depuis le temps que tu en voulais un!) Tu ne connais pas encore les Vikings, mais ce choix de motif permettait d'éviter les envahissants clichés des dinosaures et des camions – ainsi que des princesses.

Aussitôt dehors, un camion de pompiers est passé en trombe sur la rue Hochelaga, direction est. Nous avons l'habitude d'être à l'affût quand on entend raisonner les sirènes des camions de la caserne voisine, mais cette fois-ci, les sirène se sont mises à hurler de tous les côtés. Pendant qu'on se faisait mouiller sur la tête, c'est une dizaine de véhicules d'urgence de différents quartiers qui sont passés à vive allure près de nous : camion pompe, camion échelle, voiture de pompier, poste de commandement, unité de ravitaillement en air respirable, autobus d'aide aux sinistrés... une vraie vitrine pour les services su SIM!

Nous avons cherché à nous approcher du site de l'alerte visible à l'horizon, mais malgré ton enthousiasme, nous marchions tellement lentement que les renforts reprenaient déjà la route du retour vers leur caserne du Plateau, de Ville-Marie et de Rosemont. Nous avons donc eu le spectacle en double. Et nous ne saurons jamais ce qu'il s'était passé – ou pas – pour faire sortir tout ce monde-là.

Il y a de ces cris à l'aide qui commandent une réaction vraiment efficace, impressionnante – et d'autres moins.

Toujours est-il que le ton était donné : tu allais parler de véhicules d'urgence toute la journée!

Comme tu avais vu dans un livre comment faire un avion en papier, mais ne savais pas comment le réaliser toi-même, ton père t'en a fait une. Tu as vite demandé de lui faire écrire « police » et « SPVM » dessus : « C'est un avion de police de la ville de Montréal! ». Puis, tu lui a dessiné de grands gyrophares rouge et bleu sur le toit. Tu as ensuite voulu que je t'en prépare une deuxième : « Ça c'est un avion de police banalisé! ».

Le lendemain, le délire continuera de plus belle, avec la réalisation de deux avions de pompier avec sur le toit, respectivement : une échelle et un boyau d'arrosage. J'ai beau les voir sur le plancher tous les jours, je n'en reviens toujours pas!

1er mai

Hier était une journée vraiment riche en anecdotes – comprendre : en détails dont je souhaite conserver le souvenir. S'ajoutaient à ceux précédemment décrits, la réception d'un cadeau : un colis renfermant une belle carte dessinée par ta cousine, des dessins à colorier de trains et de camion de pompier, et … une bouteille de bulles! Ce matin, c'est donc avec enthousiasme que nous nous sommes tour à tour exercés à souffler et à faire éclater de belles bulles géantes.

Plus tard dans la journée, ton père me faisait remarquer une nouveauté incontournable de ton développement, mais que je n'avais pas encore pris le temps d'identifier aussi clairement : le début de la phase du « pourquoi » :

« Pourquoi faut se brosser les dents? »

« Pourquoi c'est le repos? »

« Pourquoi c'est la nuit? »

« Pourquoi tu m'aimes? »

“Pourquoi tu travailles debout?”

Le temps tombé du ciel : semaine 6 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

18 avril

Tu as toujours été d'avance avec les mots : tu as commencé à parler très tôt, et ton vocabulaire est plutôt riche pour ton âge. Pour toi, les lettres et les sons sont un terrain de jeu que tu parcours avec beaucoup de plaisir. Et nous donc!

Cette semaine, tu as goûté à de l'eau pétillante pour la première fois. Notre petite bouteille t'a laissé sur ta soif, aussi as-tu demandé à ce qu'on en rachète. "Je veux l'écrire sur la liste d'épicerie", as-tu dit. 

Je m'attendais donc à un gribouillis représentant le mot "eau", mais ce que tu as fait m’a coupé le souffle : tu as tracé un "O". 

"Voilà, c'est écrit!"

Quel bonheur de constater que tu saisisses déjà que les lettres sont des outils pour exprimer ta pensée. J'ai déjà hâte de te lire.

ps : C'est encore plus spécial avec une goutte de sirop de grenadine.

19 avril

Au réveil, tu n'avais qu'une idée en tête : terminer la construction de ta maison en bloc lego commencée la veille (une espèce de tour très simple, avec pour chaque étage, une fenêtre, ainsi qu'une paire de yeux et de lumières bien symétriques). 

Ton élan créatif pour ces blocs est foudroyante. Quand tu construits, tu as toujours en tête un plan invisible un peu rocambolesque qui te guide, impliquant des avions qui vont sur des rails ou des trains sous-marins qui volent. Quand une nouvelle idée te vient à l'esprit et t'intéresse davantage que la précédente, tu déconstruit sans remord pour reprendre les pièces dont tu as besoin pour ton nouveau projet. Ton esprit est libre et ton imagination, sans attache. 

J'adore le son des petits blocs qui se cognent dans ton coffre, que tu détaches ou que tu assembles en série dans ta quête. 

J'adore t'entendre imiter le son du train sur les rails, de l'avion qui prend son envol, qui plane ou écope (tu aimes beaucoup les Canadairs), des moteurs et des hélices. T'entendre décrire leur trajectoire et leur caractéristiques surprenantes, en action.

C’est dimanche, mais ton imagination ne prend jamais congé.

*

Aujourd’hui dans le quartier, nous avons emprunté des chemins nouveaux. Le changement de perspective nous a fait du bien. Par moments, tu te prenais pour un skater - imitation d’un grand observé la veille. Nous avons aussi retrouvé le Marché Maisonneuve, où tu t’es amusé pour un deuxième jour consécutif à trottiner autour de la fontaine pendant 45 minutes.

Tu es si beau avec tes joues toutes rouges.

20 avril

Après avoir déposé des enveloppes dans la boîte aux lettres près de la maison, nous avons fait un crochet à l'église de l'autre côté du carrefour. On peut presque dire que ça faisait longtemps!

Puis, on a marché sur les chemins d'ombre tracés par les grands arbres du parc Lalancette - pardon, de TON parc.

En longeant la clôture du terrain de balle, tu as trouvé un potentiel nouveau d'escalade. Au bout du champ, tu t'es amusé à faire des roulades sur la butte. Tu as découvert qu'en roulant sur le plat, ta trajectoire tournait. Tu n'as pas trop compris comment éviter ce phénomène, mais j'ai cru voir dans ton regard que tu prenais des notes pour la prochaine fois.

21 avril

Soleil, nuages, neige, soleil, nuages, pluie. 

Avril se prend pour mars. 

Nous avons écourté la sortie trottinette de la journée pour se mettre à l'abri des nuages gris. À l'intérieur, je me suis affairée à ce que la maison sente bon le granola, le bortsch et le ragoût. Disons que ce n'est pas un temps à poke ou gaspacho.

En après-midi, les voisins d'en arrière ont osé sortir les buts et bâtons de hockey dans la ruelle entre deux éclaircis. Tu as demandé à ouvrir grand la fenêtre pour les entendre, leur parler. Nous les avons encouragés. Pour que tu puisses les regarder sans attraper froid, je t'ai mis ton manteau. Puis, la grêle est arrivée.

Soleil, nuages, grêle, soleil, nuage éclairci.

22 avril

Au réveil, tu n'attends pas 2 secondes après que j'aie levé la toile de ta fenêtre pour t’exclamer :

"Youpi, on va pouvoir faire des anges dans la neige!"

Le. 22. avril. Une chance que ton manteau d'hiver te fait encore - en fait, c'est un 5 ans prévu pour te faire au moins deux hivers, si tu ne grandis pas toujours aussi vite qu'en ce moment.

Sur le terrain de soccer du collège de Maisonneuve, les bourrasques de vent étaient glaciales. Nous n'avions jamais mis les pieds de l'autre côté de la clôture éventrée, et tu n'avais jamais vu de filets de soccer de ta vie. De loin, nous ne pouvions pas deviner qu'ils étaient en si mauvais état. Au lieu de chercher à comprendre leur fonctionnement et le rôle des gardiens de but, tu as tout de suite suggérer de jouer au poissons qui se font attraper entre les mailles...

Sur le chemin du retour, notre joie de vivre s'est vite transformée en cauchemar quand tu es tombé face première dans un tas de feuilles de bord de ruelle et t'es planté une tige en plein dans l'oeil. Paniquée à la vue du sang qui teintait tes larmes, j'ai craint le pire. Un accident, c'est toujours bête et parfois tragique, non?

Une visite en urgence chez l'optométriste nous a confirmé que tu avais eu beaucoup de chance, et que ce n'était rien. Ça m'aura permis de t'apprendre l'expression "plus de peur que de mal". Et c'était notre première sortie dans la ville depuis 40 jours.

De retour à la maison, un chat demandait avec insistance à rentrer dans l'appartement. Il nous interpelait par la fenêtre, à la porte - après s'être essayé à l'arrière deux heures plus tôt! Au téléphone, son maître a confirmé que le chat était passé à la maison entretemps et qu'on s'occupait bel et bien de lui. Peut-être voulait-il prendre de tes nouvelles après t'avoir entendu pleurer dans la ruelle?

23 avril

Avant de sortir ce matin, j'ai pris le temps de regarder la météo pour savoir si on devait (encore!) s'habiller en hiver. - Oui. 

Puisque tu t'intéresses beaucoup ces temps-ci au cycle des jours et des nuits, et au concept de décalage-horaire (suite à des conversations vidéo avec des amis en Europe), tu m'as tout bonnement demandé combien il faisait ailleurs dans le monde. Nous avons regardé le temps qu'il faisait à Banyuls-sur-Mer, où habite l'amie A. - 19 degrés, c'est pas juste!

Tant qu'à y être, j'ai pris une seconde pour te montrer Banyuls sur Streetview, pour que tu comprennes les décalages qui nous séparent. - "Les rues sont petites!"

Puis, comme on était prêts à partir, tu as demandé à voir où habite une bonne amie qui reste aussi dans Hochelaga. Sa maison est devenue notre destination. À quelques coins de rues de trottinette, nous l'avons retrouvée en robe de chambre dans son escalier en colimaçon, le temps d'une petite conversation.

À notre retour à la maison, tu as demandé à regarder le clip du "King de la danse en ligne" de Bleu Jeans Bleu. Nous aussi, on est tombés sous le charme de ce morceau accrocheur - et ma foi, touchant. Tu as demandé à le regarder au moins 5 fois! Comme le mix Youtube enchaînait avec "Coton ouaté", tu as pratiqué les moves de danse du clip en trépignant sur ta chaise.

Tu as continué d'explorer tes aptitudes physiques avec un de nos livres du chat, de Philippe Geluck (ton obsession de la semaine).

24 avril

Au parc Lalancette, comme ailleurs, les modules de jeux sont condamnés depuis des semaines pour contrer la propagation de la COVID-19. Par extension, les carrés de sable qui les entourent sont devenus des zones sinistrées. Résultat : un mélange d'hypocrisie, d'insouciance et d'optimisme parental fait migrer les familles dans le terrain de balle voisin. Un vrai sacrilège, dirait plusieurs. Reste que les grains y sont plus fins et plus doux. On se croirait presque à la plage, s'il ne faisait pas -5 avec les rafales de vent.

À la maison, pour faire changement du pain maison, j'ai enfin pris le temps de préparer quelque chose de avec toi : des bagels ("bégueulz", comme tu dis). La recette reste à ajuster pour un résultat plus moelleux et ta technique de roulage demande un peu de pratique, mais tu t'es régalé. (les voisins aussi... mais chut, c'est un secret).